Didier Renard
Etreintes d’Empreintes
A travers ces images, j’essaye de montrer les masses solitaires des villes, l’instant où l’on distingue la forme sans en percevoir le sens, aussi bien pour les lieux inanimés que les personnages qui les traversent. On constate une présence, déjà on l’oublie. Cet un lieu fabriqué, un lieu difficilement identifiable mais le tout forme le territoire de ma mémoire, lieu de passage, d’errance, de rencontre.
J’aime que les images perdent quelque chose, de la matière, de la consistance, de la perfection. Que les bâtiments semblent être le premier jet du créateur, ébauche de dessin au pastel gras plutôt qu’à l’encre de Chine, à main levée plutôt qu’à la latte, taillé dans le brut. Que les habitants de ces lieux soient de passage, masse indistincte, corps incongrus, de la glaise intemporelle.
Le temps passe, le travail se fait plus précis, cette ville et ses habitants deviennent plus nets, ils gagnent en précisions, au fur et à mesure ils aspirent à être reconnus, vus, compris... Les vides se meurent, le blanc opaque fait place à la matière dure et dense, la lumière pénètre, brûle, rempli les espaces vides.
Cette ville va exister !
Didier Renard
Formé en photographie à St Luc-Liège, Je vis et travaille à Liège en Belgique.
Je partage un atelier de gravure et suis membre fondateur d'une Galerie d'art.
Je pratique la photographie déambulatoire, je capte des images à l'aide d'appareils « téchniquement défaillants », usés, obsolètes, bons pour le rebut.
Depuis plusieurs années j’essaye de créer un lien entre photographie et gravure sur cuivre.
J'utilise le médium de la photographique argentique dans mes prises de vues.
Didier Renard
Hublots
Voyageur immobile, c'est le paysage qui vibre
"Il voyagea. Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues"
Gustave Flaubert
-l'Education sentimentale-
La vie est un travelling sans mouvement, un train fou lancé dans le paysage qui fuit, défile, vibre dans des soleils éclatants, comme un long ruban de lumière, un phénakistiscope d'accidents. Un paquebot naviguant vers la terre de feu où a travers les hublots embués, les yeux scrutent l'horizon.
Comme un voyageur immobile, les traces, du fantôme de la frontière, foncent vers Ciudad Juarez avec Corto Maltese.
Comme un voyageur immobile l'errance est intérieure, j'y ai arpenté de nombreux endroits, du jardin de mon enfance, aux forêts sombres et fantomatiques, de routes en chemins, de villes en villages, de courbes en horizons, d'usines en perdition, de visages en halo, de l'opaque au transparent.