Fred Perrier
Bâchez ce sein…
« Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées. »
Le titre de cette série est librement inspiré par cette injonction du Tartuffe de Molière qui résonne d’une modernité inquiétante au regard des problématiques qui animent aujourd’hui nos sociétés dites modernes.
La nudité, totale ou partielle n’est aujourd’hui plus tolérée qu’à des fins mercantiles ou pornographiques, privant de ce fait les femmes de la possibilité d’exprimer librement leur féminité.
On peut également déplorer la réquisition de toute forme de langage qui permettrait d’instaurer un dialogue, seul à même de questionner pour mieux résorber, le faussé qui sépare aujourd’hui les femmes de leurs alter ego… les hommes.
Cette série propose la vision d’un corps, non pas DE rêve, mais DU rêve, onirique et libéré du carcan des injonctions de beauté et de bienséance. Elle questionne notre rapport au corps afin de réhabiliter l’idée d’une fantasmagorie et d’un érotisme libérateur, source de joie et de plaisir, à l’opposé des frustrations, source des déviances et des violences qui empêchent encore aujourd’hui les femmes d’être vraiment LIBRES.
Photographe autodidacte, j’ai longtemps travaillé une photographie abstraite, privilégiant le détail à la vue d’ensemble, avec comme fil conducteur de ma démarche le travail du temps sur la matière, l’usure et la décrépitude. L’aspect graphique, prédominant dans l’ensemble de ma production, parfois au détriment de l’esthétisme, me vient de ces premiers travaux et s’est naturellement transposé dans mon approche du corps.
Sans prétendre inventer quoi que ce soit, je suis dans la permanente recherche d’une façon différente et décalée de montrer. J’aime qu’une image ne soit pas évidente, obligeant le spectateur à porter une attention particulière au sujet que je lui propose, à aller au-delà de l’image, à la rencontre de sa propre sensibilité.
Mes inspirations sont aussi bien photographiques (Saudek, Gilbert Garcin, Jean paul Goude), que picturales (Bacon, Caravage, Munch), sans oublier le cinéma.