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Yvon Buchmann

Ces instantanés de vie sont pour Yvon Buchmann des récits inventés à partir de situations vécues qu'il observe avec humour et sympathie.

Certaines renvoient à sa propre biographie, d'autres naissent à partir d'émotions suscitées par une image, un lieu particuliers. Parfois, il saisit au vol un moment de grâce, lorsque la rencontre inattendue de deux êtres dissemblables, la juxtaposition fortuite d'objets disparates possèdent une portée philosophique.

Le couple âgé qui a traversé les épreuves lui semble aussi solidement enraciné que l'arbre qu'ils ont dépassé en chemin.  

La note est parfois joyeuse, quand par exemple l'image juxtapose des enfants joueurs en chair et en bronze, mais parfois teintée de nostalgie, lorsqu'un homme seul regarde pensivement un couple de jeunes mariés. L'artiste ose bousculer la bien-pensance avec une photographie intitulée "Miracle" montrant un fauteuil roulant vide à la porte d'une église.

Le travail sur la composition est le fruit d'un patient labeur pour se placer à l'angle de vue le plus pertinent, attendre les conditions de lumière optimales pour révéler les lignes de force d'une architecture ou d'un site. Parfois, il s'agit de guetter le passage dans le champ de vision de la personne ou de l'animal qui donnera le sens de l'histoire. Alors, la femme pressée entre en résonance avec celle qui attend patiemment le fruit de sa pêche, et le couple amoureux seul sur la plage fait écho au petit cœur dessiné sur le muret à l'avant.

Isabelle DUBOIS-BRINKMANN

Petites Histoires

Yvon Buchmann

Un Monde qui Bouge

Le mouvement et la vie sont unis depuis toujours pour aller de l’avant, plus loin, plus haut, plus vite. Courir encore et encore, mais vers où ?mais vers qui ?mais pourquoi ? Cette course effrénée, n’est-elle pas une sorte de résistance à la violence du temps qui passe …

La magie de la photographie nous permet de quitter notre point d’appui dans le réel, pour passer « outre », aller plus loin retrouver l’enfant qui est en nous, symbole de joie, de candeur et d’éternité, et nous inviter à jouer avec lui pour s’élever au-delà de l’instant présent et fixer la vie ainsi fragmentée, à jamais.

Yvon Buchmann utilise le noir et blanc, constante de son travail, pour convoquer l’intime et dialoguer avec cette « étendue rêveuse » où le réel et l’esprit rêveur se rejoignent, se mêlent et se confondent.

Jeux d’ombres et de lumières, désir d’envol et de liberté, silhouettes éphémères et fragiles sur fond de dessins et de signes énigmatiques et mystérieux, présences humaines figées dans une pose méditative, sagesse de l’immobile, force de l’être ensemble au bout du chemin, altérité malmenée, s’entrelacent tout au long de ses récits.  

Le photographe est soucieux de communiquer avec  le mouvement du monde, se fait conteur pour le soumettre  au regard de l’Autre, qui acceptant de lâcher prise le temps de la lecture pourra entreprendre son propre voyage.

« L’image est douée de vie et nous sert à triompher de la mort. » (Régis Debray. Vie et mort de l’image en occident. Gallimard. 1992)

                                                                                             Isabelle Alt

Par sa rigueur et son intemporalité, Yvon Buchmann s'inscrit dans la filiation de grands maîtres qu'il admire, les photographes de rue Cartier- Bresson ou Brassaï, les photographes humanistes de l'après-guerre Ronis ou Doisneau. On note chez lui un même regard empathique sur l'homme, montré en plan large dans son environnement familier.

Une autre tendance de l'art d'Yvon Buchmann est plus formelle, fruit d'un travail sur le cadrage, les plans et les lignes de force. Il se place à l'endroit où la courbe d'un chemin, les arêtes d'un bâtiment, la perspective des rails sur un pont formeront un arrière-plan propice à raconter une histoire.

L'attente est parfois longue avant qu'un personnage ou un animal ne passe devant l'objectif pour livrer la clé de l'image. Les ombres portées, la luminosité des surfaces, les contrastes de valeur témoignent des conditions atmosphériques particulières qui ont permis la prise de vue. Ces travaux rappellent la photographie subjective d'Otto Steinert en Allemagne ou la Créative Photographie américaine (Aaron Siskind, Harry Callahan). Ces courants qui convoquaient l'héritage du Bauhaus ont marqué les années 1950 par des recherches formelles sur les compositions souvent graphiques, épurées et explorant toutes les potentialités du médium.

 

Isabelle DUBOIS-BRINKMANN

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